Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Damn Murphy !

Publicité
Damn Murphy !
Archives
21 avril 2015

Déménagement

Déménagement
Salut à tous ! Petit message qu'il était temps de faire : et non, le Murphy n'est pas mort, même s'il ressemble à un zombie, il a simplement déménagé pour collaborer avec la sinistre Poppy's on a zeppelin . Tout se passe donc ICI à présent, sur le blog...
Publicité
Publicité
19 décembre 2014

La Forme dans le Noir, Gratuit sur Amazon 2

 

Voilà, on est en plein dans la période où La forme dans le noir est gratuite sur Amazon. Profitez-en dès maintenant ! Ca se termine dimanche à minuit (ou un peu après, il me semble que le site est réglé sur le fuseau horaire américain, ou l'un de leurs fuseaux horaires en tout cas).

ormegratuit

 

14 décembre 2014

La Forme dans le Noir, Gratuit sur Amazon

ormegratuitMa première nouvelle auto-éditée sur Amazon, La forme dans le noir, sera gratuite ce week-end, du vendredi 19 au dimanche 21 décembre. Profitez-en pour découvrir ce qui se cache dans les ombres et qu'on ne peut voir que du coin du regard.

 

Suivez le guide (ou plutôt le lien)

 

Résumé : James s'est isolé du reste du monde ces dernières semaines. Il agit étrangement, raconte des bribes d'histoires incohérentes aux inconnus qu'il croise et semble fuir son entourage. La police en a assez de ses canulars téléphoniques faussement désespérés et son voisin n'en peut plus du bruit assourdissant qu'il fait la nuit.Un soir, James appelle son ami Charles et l'implore de venir chez lui. "Je dois en finir", explique-t-il, apeuré, au téléphone. Arrivé sur place, Charles découvre un James craintif mais résigné qui lui propose de lui raconter ses dernières semaines. L'endroit est lugubre, Charles y sent quelque chose de malsain et d'indéfinissable. Mais il doit savoir ce qu'il se passe pour arranger les choses. Il ignore que le simple fait de rester dans ce salon et d'écouter son ami pourrait bien lui être fatal... 

 

30 novembre 2014

Les innombrables morts de Keylian (extrait)

 CLEJe profite du dernier jour du mois "des Grenouilles" pour dévoiler un extrait de roman. L'idée date de quelques années, les premières pages d'hier seulement, c'est donc encore clairement améliorable mais je voulais vraiment révéler ce fragment. L'histoire promet d'être longue mais je suis confiant pour une fois : elle me trotte dans la tête depuis trop longtemps pour que je n'en vienne pas à bout un jour.


   Les innombrables morts de Keylian : Depuis sa naissance, Keylian est cerné par la mort. Elle le guette à chaque tournant, s'immisce dans ses rêves, le manque de peu en permanence. Si bien qu'au fil des années, il se persuade d'une chose : il est la proie d'entités invisibles qui lui en veulent depuis qu'il est né. Pourquoi, que sont-elles, d'où viennent-elles ? En enquêtant et en revenant aux sources du mal, il réalisera qu'il n'aurait jamais dû se poser ces questions et que certains mystères ne doivent pas être percés à jour.

 

   Fragment 02 – Six ans

   — Keylian, appela maman qui bronzait sur sa chaise longue au milieu du jardin. Ne cours pas dans tous les sens, comme ça. Tu vas te faire mal.

   L’enfant soupira. Maman l’empêchait toujours de s’amuser. Il ne pouvait jamais rien faire, tout était un danger pour elle. Quand elle l’autorisait à jouer aux billes, elle ne le quittait pas des yeux. Cache-cache, il ne devait même pas y penser ; il pouvait faire une chute sans que personne ne le sache. Les rollers, le vélo ? Trop dangereux. L’escalade, la course ? Trop dangereux. La balançoire ? Un danger aussi.

   Keylian retourna s’assoir sur son coin d’herbe, prenant soin d’afficher toute sa frustration dans ses yeux.

   — Tu le couves trop, fit remarquer la voisine de sa chaise longue.

   — Je sais, soupira maman. Mais c’est plus fort que moi. Il est toujours si excité, j’ai peur que ça dérape à chaque fois.

   Keylian se coucha sur le dos et laissa ses yeux bruns errer dans les nuages. Ça, au moins, c’était sans risque. Maman ne pouvait rien trouver à y redire. Quoi qu’elle lui interdisait aussi de fixer le soleil. Ça va te rendre aveugle, elle répétait tout le temps.

   De toute façon, les nuages étaient bien plus intéressants. Des êtres capables de changer de forme en quelques secondes. Celui-là était un dragon, puis un château la seconde d’après, puis il fondait sur un autre et tous deux devenaient un bateau géant l’instant encore après. Quelle chance ils avaient. Keylian rêvait d’être quelqu’un d’autre le temps de quelques minutes. Pouvoir s’évader, courir, sauter, escalader tout ce qu’il voyait. Sans maman pour l’en empêcher. Même tomber, juste tomber en courant. Il savait que ça faisait mal, il détestait ça. Mais s’il tombait et que personne ne fonçait sur lui l’instant suivant, ça prouverait qu’il était libre, qu’il était bien quelqu’un d’autre.

   — Encore à fixer le vide ?

   Une tête rousse apparut dans son champ de vision. C’était Julien, son voisin et seul ami. Il s’assit à ses côtés dans l’herbe verte.

   — C’est ma mère, encore.

   — En tout cas, j’ai gagné. J’ai fait le tour de la maison plus vite que toi.

   — Ça compte pas, j’ai pas pu le faire.

   — Si, ça compte. On a dit que c’était au premier qui ferait un tour entier et je l’ai fait.

   — C’est quoi, le gage ? céda Keylian.

   Julien réfléchit en silence, comme s’il n’avait pas déjà pensé à ce qu’il allait lui demander.

   — Ramener quelque chose du grenier, décida-t-il finalement.

   Le grenier. Les yeux de Keylian s’arrondirent. Ils détestaient le grenier. Une nuit où Julien avait dormi chez lui, ils avaient entendu des bruits venant de là. Des grattements, et des bruits de chute. Quand ils en avaient parlé le lendemain, Yann Crec de l’école leur avait dit que c’était le signe d’un mauvais fantôme. Une chose invisible et sans forme qui restait bloquer dans certains endroits et qui hurlait tout le temps, mais que personne ne pouvait entendre.

   — Ma mère voudra jamais, lança Keylian.

   C’était faux. Quand il lui en avait parlé, maman avait dit que ça n’existait pas, les fantômes. Que les bruits venaient des vieux tuyaux qui passaient par le grenier. Keylian ne voyait pas pourquoi des tuyaux feraient autant de bruit. Surtout ces bruits-là. Ça n’avait rien à voir avec celui du tuyau d’arrosage dans le jardin.

   — Elle parle avec la mienne, répondit Julien. Elle verra pas que t’es rentré dans la maison.

   C’était vrai. Les deux mères discutaient et semblaient avoir oublié le reste du monde pour un temps.

   — Et l’hôpital a enfin payé ? demandait la mère de Julien.

   — Oui, confirma maman. Depuis le temps. Six ans de procès et de paperasses. Comme si c’était pas évident qu’ils étaient en tort. Quel médecin déclare mort un nouveau-né qui a tout de vivant ? Et pourquoi leur générateur de secours n’a pas pris le relais pendant la panne ?

   Maman parlait souvent de ça, du procès, du générateur et d’un mort. Keylian n’avait jamais demandé ce qui s’était passé au juste. Il savait juste que ça durait depuis six ans. Depuis sa naissance.

   — T’as peur, avoue, le nargua Julien.

   Les pensées de Keylian revinrent sur le gage qu’il devait accomplir.

   — T’as qu’à venir aussi si c’est si facile, répondit-il.

   — Mais moi, j’ai gagné. C’est toi qui as perdu.

   Il avait raison. Keylian le savait. C’était les règles du jeu.

   Quand il rentra par la porte-fenêtre du salon, grande ouverte, maman ne le remarqua même pas. Lui qui rêvait juste avant de pouvoir tomber sans qu’elle le remarque. A présent il aurait tout donné pour qu’elle le retienne.

   Il sentait que monter au grenier n’était pas une bonne idée. Il pensa à faire semblant, à prendre n’importe quel objet dans le salon comme preuve. Mais Julien le remarquerait d’une façon ou d’une autre. Il savait toujours quand Keylian mentait.

   L’escalier du grenier était déjà une épreuve en elle-même. Rien à voir avec celui du premier étage. Celui-là grinçait dès qu’on l’effleurait, tremblait dès qu’on y posait le pied. C’était un signe. Ne va pas plus loin, disaient les marches. Mais il ne les écouta pas.

   La porte aussi fit un long bruit strident quand il la poussa. Paaars, disait-elle lentement. Mais il était allé trop loin pour abandonner maintenant.

   La pièce était sombre et poussiéreuse. A travers la lumière par la fenêtre, il voyait des nuages gris se soulever du sol et plein de points noirs tournant dans une spirale. Comme si quelqu’un était passé à l’instant et avait assemblé la poussière dans un courant d’air.

   Impossible. Il n’y avait personne d’autre dans la pièce.

   Il n’y a que moi. Il n’y a que moi.

   Il fit un pas dans la salle. Cette fois, la poussière s’envola à cause de lui. Il éternua. Et pria que personne dans le grenier ne l’ait remarqué. S’il ne pouvait pas entendre les fantômes, peut-être qu’eux non plus ne pouvait pas l’entendre ?

   Un objet, vite. N’importe lequel.

   Là, une vieille lampe de chevet cassée. C’était parfait. Il ne se demanda pas pourquoi maman ne l’avait pas jetée, il était trop heureux de vite repartir pour ça.

   — Keylian.

   L’enfant se retourna en vitesse, une main encore sur l’objet de sa convoitise. Rien, personne.

   On l’avait appelé pourtant, il en était sûr. Il fouilla les ombres du regard. Rien, pas un seul mouvement.

   Il ramena son attention sur la lampe, lentement, concentré sur le silence du grenier.

   — Keylian…

   Il pivota en une seconde, prêt à surprendre quelqu’un. Rien. Avait-il donc rêvé ? Mais on l’avait bel et bien appelé.

   — Julien ? risqua-t-il. C’est pas drôle.

   Mais il savait au fond de lui que la voix de Julien n’était pas aussi grave et étouffée.

   — Keylian, répéta la voix avec lenteur.

   Ça venait du fond de la pièce. Et c’était réel, pas de doute possible.

   — J’ai pas peur, Julien, précisa-t-il.

   Mais il n’arrivait pas à se convaincre lui-même de ce mensonge. Retenant son souffle, il se força à avancer sur le plancher craquant. Ça ne pouvait qu’être une blague. Très bien organisée mais une blague quand même. De quoi il aurait l’air s’il ressortait en courant ? S’il avait peur d’une pièce vide, maman ne le laisserait plus jamais rien faire. Même regarder les nuages, il ne pourrait plus.

   Le mur d’où venait la voix était couvert d’étagères au bois moisi et tordu. Une grande armoire en cachait une partie. Et si la voix venait de là ? Julien s’était caché dedans, voilà qui expliquait tout.

   — T’as rien trouvé de mieux ? lança Keylian en tirant sur la poignée.

   Mais les portes ne s’ouvrirent pas. Verrouillées depuis toujours, maman pensait à tout. Les clés devaient être au-dessus du meuble.

   Mais alors… Julien ne pouvait pas…

   Il entendit un grincement très lent, qui murmurait son nom. Keylian. Il en était sûr. Comme si une voix d’un autre monde s’y cachait. Et il comprit à cet instant que le grincement venait de l’armoire. Qui penchait dangereusement en avant.

   Il l’avait à peine remarqué que le meuble se jetait déjà sur lui de tout son poids.

   La peur, la douleur. Le crâne ouvert, le sang partout, le manque d’air. Des hurlements, des gestes frénétiques.

   — Keylian ! Keylian !

   La voix de maman ?

   — Keylian, réveille-toi. Tout va bien, je suis là. Ce n’était qu’un cauchemar.

   Il ouvrit les yeux. La nuit dehors, la tapisserie de sa chambre, la lumière filtrant du couloir, la porte entrouverte. Il était dans son lit, il n’avait que rêvé.

   — Il y avait une armoire, tremblait Keylian dans les bras de maman. Dans le grenier. Et elle m’est tombée dessus.

   — Ce n’était qu’un cauchemar, répéta-t-elle.

   — Non, c’était plus que ça. C’était plus vrai qu’un cauchemar.

   — Certains donnent cette impression, expliqua maman. Mais ce n’était pas réel. Tu ne peux pas être monté au grenier puisque la porte est toujours fermée à clé. Et tu n’as pas pu être écrasé, tu n’as aucune blessure.Auteurs SFFF

   Ça semblait si vrai, pourtant.

   — Tu veux que j’attende ici jusqu’à ce que tu te rendormes ?

   Keylian fit non de la tête. Il n’arriverait plus à dormir, c’était inutile.

   — Ça ira, mentit-il.

   Elle l’embrassa sur le front.

   — Alors dors bien pendant les quelques heures qui restent. Je laisse la porte ouverte ? questionna-t-elle, une main sur la poignée.

   — Oui.

   Il la regarda s’éloigner dans la lumière du couloir et entrer dans sa chambre. Seul, dans la nuit. Il espérait ne pas entendre son nom dans le noir, murmuré par la voix de son rêve.

   Un rêve, vraiment ? C’était si différent de ceux qu’il faisait d’habitude. Mais ça ne pouvait rien être d’autre.

   Recroquevillé dans sa couverture, il inspecta les lieux sombres d’un œil vigilant. Il avait peur de fermer les yeux et peur de rêver à nouveau, peur d’entendre son nom et peur aussi du silence. S’il y avait du bruit, une musique, le téléviseur, quelque chose, il pourrait se concentrer dessus. Dans le silence, il ne faisait qu’attendre qu’un chuchotis s’élève et l’appelle.

   Il resta ainsi jusqu’à l’aube, terrorisé par les ombres silencieuses qui erraient dans sa chambre autant que par celle à la voix rayée qui hantait ses rêves.

 

 

 

26 novembre 2014

Memento & Le Procès (Les auteurs de SFFFH ont du talent !)

J'aurais mis le temps pour m'y mettre, mais mieux vaut tard que jamais. Voici donc ma participation au projet organisé par l'Invasion des Grenouilles qui consiste à révéler une nouvelle ou un morceau de roman SFFFH (de Science fiction, Fantasy, Fantastique et/ou Horreur) gratuitement durant le mois de novembre. Pour faire pardonner mon retard, en plus d'une nouvelle inédite "Le procès", j'ajoute à mon post une seconde nouvelle "Memento", dont une version précédente a d'ailleurs été lue publiquement en l'honneur du Ray's Day, un autre projet de littérature qui consistait à révéler une histoire gratuitement sur le Net. Merci, d'ailleurs, à la surnommée Ulysse du forum L'écritoire des ombres pour avoir fait cette superbe lecture.


MEMENTO

   Reste calme. Où es-tu ? Tu ne dois pas paniquer. Où es-tu ? Tu t’es réveillé dans ce lit, dans cette chambre. Tu vas bien finir par te souvenir.

   Lève-toi avant tout. La mémoire te reviendra peut-être en détaillant l’endroit. Où es-tu ? Toutes ces bouteilles d’alcool par terre, voilà qui explique ton mal de tête carabiné et ta mémoire troublée. Mais où es-tu ? Cette peinture terne sur les murs, ces étagères de livres et de bibelots. Tu les as déjà vues. Tu ne sais pas encore où, mais ça va te revenir.

   Retourne-toi maintenant. L’autre partie de la pièce te sera peut-être plus parlante.

   Oh bordel ! C’est quoi ça ? Cet homme dans le lit. Ce visage rouge. Ce sang. Qu’est-ce que…

   Qu’as-tu fait cette nuit ? Est-ce que tu l’aurais tué ? Impossible !

   Respire, respire. Ne pas paniquer. Ne trébuche pas parmi les bouteilles. Respire. Est-ce que tu connais ce type ? Impossible de savoir, un trou explose sa tempe. Mais essaie. Respire. Non, tu ne sais pas qui c’est. Comme la chambre, tu crois l’avoir déjà vu. Mais tu ignores où.

   D’ailleurs, tu ignores qui tu es toi-même. Qui es-tu ? Quel est ton nom ? Ton âge ? Ton travail ? Qui es-tu ? A quoi ressembles-tu ? Qui es-tu ? Est-ce que tu as de la famille ? Est-ce que…

   Stop !

   Respire. Calme-toi. As-tu des papiers sur toi ? Non rien. Pas même un téléphone ou un quelconque objet. D’accord, ce n’est pas comme ça que tu vas y voir plus clair. Mais il y a d’autres façons, les souvenirs vont te revenir. Ils le doivent.

   Est-ce que le mort a des papiers, lui ? Tu devrais peut-être éviter de le toucher avant d’en savoir plus. Il ne manquerait plus que tes empreintes soient sur ce cadavre. Si elles n’y sont pas déjà évidemment.

   Tu peux quand même inspecter les environs. La table de chevet est noyée de paperasse. Il y aura bien quelque chose qui pourra t’aider.

   Contourne le lit. C’est quoi ça, par terre ?

   Un flingue ! Le tueur l’a sûrement jeté là. Un coup monté ? Ne le touche pas.

   Et si c’était toi l’assassin ? C’est ce que tout le monde croira, ton amnésie te condamnera.

   Qu’as t-u fait ? Non, ça ne peut pas être toi. Tu n’en serais pas capable. Qu’as t-u fait ?

   Du calme. Les papiers. Va les voir. Sans toucher si possible.

   Il y a toutes sortes de cartes. Bancaire, d’identité, de sécurité sociale. Toutes au même nom. Celui du cadavre. Jack Norton. D’où connais-tu ce nom ? Tu as su que c’était le sien dès que tu l’as lu. Alors d’où le connais-tu ?

   Bon, ça te reviendra bientôt.

   Qu’as-tu fait ?

   Quoi d’autre sur la table ? Une montre, une énième bouteille d’alcool vide. Un paquet de cigarettes ouvert. Vide aussi. Rien qui ne t’avance vraiment. Rien qui ne pourrait t’aider à te sortir de là !  

   Qu’as-tu fait, bon sang ? Où es-tu ? Qui es-tu ?

   Ne t’énerve pas, ne panique pas. Reste calme.

   Quelqu’un a pu entendre le coup de feu, la police va sans doute arriver. D’une minute à l’autre. Tu dois partir d’ici. Non, c’est stupide, le coup est pari dans la nuit, forcément. Si on devait venir t’arrêter, ça serait déjà fait. Oui, mais non. Le coup a aussi pu être tiré juste avant ton réveil. Tu as vu ton état ? Comment aurais-tu entendu quoi que ce soit de toute façon ? Oui mais… Arrête. Ne pense pas au pire, garde le contrôle.

   Regarde par la fenêtre, peut-être que tu reconnaitras l’endroit, peut-être que ça ravivera tes souvenirs. Les rues sont vides. Et le ciel noir peut aussi bien s’être imposé depuis peu que céder prochainement au matin. Pas moyen de savoir à quel moment de l’année on est. Mais aucune voiture de flic en vue. Peut-être que le meurtre est passé inaperçu finalement.

   Profites-en pour effacer tes traces et t’enfuir. Rien de bon n’en ressortira si tu restes là de toute façon.

   Avant, vérifie que tu n’as pas de sang sur toi. Pas sur tes mains, pas sur tes vêtements. Et sur ton visage ?

   Il y a un grand miroir le long d’un des murs. Quel abruti de ne pas y avoir pensé ! Va voir. Tu te souviendras peut-être de qui tu es en te voyant.

   Est-ce que tu te reconnais dans le reflet ?

   Te souviens-tu ? Qui es-tu ? Où es-tu ? Qu’as-tu fait ? Que s’est-il passé ?

   Voilà, ça te revient enfin… Tu te souviens… de qui tu es…

   Et tu te souviens que… tu t’es suicidé, Jack.

12 juillet 2014


LE PROCES 

   Je pourrais me creuser la tête pour paraître attachant, sympathique. Mais soyons honnêtes, aucune mascarade ne fonctionnera. Quelqu’un de vide ne peut pas paraître en vie – vous saisirez toute l’ironie de ces propos j’espère, – quand bien même il se parerait de tous les artifices possibles. Et quelqu’un qui ne saurait paraître en vie ne peut rien avoir d’attachant. Qui s’inquiéterait du sort de celui qui n’en a que faire lui-même ?

   Je pourrais tenter de vous amadouer, me faire plaindre. Jouer les Cosette, sans parents, sans famille, sans repères, sans envies. Mais à quoi bon, finalement ? A quoi bon m’écouter, d’ailleurs ? Rien d’utile ne ressortira de ces mots. Ça ne changera rien au verdict. On le sait tous. Pourquoi le nier ?

   Ah, je vois. Le meurtre. Rien de tel pour attirer l’attention, c’est sûr. Il suffit ne serait-ce que de prononcer le mot, et tout le monde se tait, tout le monde écoute.

   C’est le moment où j’explique tous les faits, une fois de plus, je suppose ?

   Bien, je vais faire bref…

   Il était une fois un tueur en série qui, quand la lune se cachait, sillonnait les rues d’un village perdu. Les habitants savaient qu’il rôdait. Personne n’osait s’aventurer dehors passé le crépuscule.

   Le tueur s’en prenait surtout à des femmes. On ne peut pas faire dans l’original à chaque fois, vous comprenez ? Il faut bien vivre quelques clichés parfois. Il les aimait blondes, petites et de préférence sans défense. Mais il n’était pas vraiment difficile ; s’il ne trouvait pas l’élue de ses fantasmes, n’importe laquelle faisait l’affaire. Faut se contenter de ce qu’on a, dans la vie.

   Mais arrêtons-nous quelques temps sur les détails. Quel intérêt de parler de meurtres si on survole seulement la chose ? Il faut aller au bout des choses, en profondeur, comme ses couteaux le faisaient dans le corps de ces femmes. Comment, c’est abject de faire de telles comparaisons ? Mais alors pourquoi vous semblez tous bien plus intéressés maintenant qu’au début de mon discours ? Que j’explique cette affaire de façon détachée vous révolte, vous me trouvez effroyable, mais vous n’êtes pas mieux, mes chers.

   Mais passons. Les meurtres, donc, comme c’est ce qui vous intéresse. Notre tueur y excellait, même s’il faut avouer que son imagination se mettait en route bien avant. L’assassinat n’était que le point final. Ce qu’il préférait, c’était de suivre ses proies, savourant le carnage à venir, s’amusant de l’insouciance de ses partenaires d’un soir. Aucune ne se doutait jamais qu’un inconnu était sur leurs pas. Puis il entrait avec elles dans leur immeuble, jusque dans l’ascenseur. Il jouait les nouveaux voisins encore perdu, mais le sourire qu’il affichait durant la conversation ne venait que de la suite des évènements qu’il imaginait déjà dans sa tête.

   Attendre qu’elle ouvre sa porte, puis s’y jeter. L’endormir, chloroforme en main, l’attacher dans son lit. Et attendre son réveil, parce que ça n’a rien de drôle si la belle dort. Si elle tarde à émerger, d’ailleurs, il a son petit remède maison. Une petite enfilade ou deux, c’est ce qu’on appelle un réveil en fanfare. On est bien loin du preux baiser des contes, vous admettrez.

   Mais les viols classiques ne l’amusaient pas tant que ça, même s’il adorait la musique de leurs cris. Il préférait jouer avec son outil de travail. Ce joli couteau qui épluchait les peaux, lentement, et qui devait repasser plusieurs fois à cause de sa lame usée par le temps. Remarquez, la lame était aussi parfaite pour se planter dans la chair fraiche. Et aussi pratique pour ouvrir des plaies que pour passer par des fentes déjà existantes, ça va sans dire.

Auteurs SFFF   Mais vous avez vous-mêmes vu les œuvres qu’il a laissées sur son passage. Inutile donc de s’attarder plus encore sur les meurtres. Autant parler tout de suite de celui qui nous intéresse, le dernier.

   Il l’avait repérée en début de soirée et suivi jusqu’à son appartement. La retranscription parfaite de ses idéaux, il n’aurait pas pu rêver mieux. Ils ont partagé l’ascenseur, puis longé le même couloir. Il a fait semblant de poursuivre son chemin pendant qu’elle cherchait ses clés. Comme à chaque fois, il s’est jeté sur elle une fois la porte ouverte, chloroforme en main.

   Malheureusement, cette victime-ci a réagi plus vite que les précédentes. Elle a esquivé l’attaque le temps de hurler à la mort. Ce qui a inévitablement rameuté le voisin d’en face.

   Dans sa panique, le tueur poignarde l’inconnu. La femme en profite pour fuir.

   Trois jours plus tard, la police retrouve le tueur dans une ruelle, toute veine ouverte, des artères jusqu’au plus petit vaisseau de l’œil. Fin.

   Voilà pour la énième explication des faits. On sait tous le verdict qui vous vient à l’esprit, ce ne sera d’ailleurs que la vérité, je ne le nie pas. Alors faites au lieu de me forcer à parler sans fin.

   Mais, avant de donner votre avis final, soyez sincères avec vous-mêmes, mes chers membres du jury : dites-moi que, si vous aviez été à ma place, vous ne seriez pas revenu pour ouvrir les veines de ce meurtrier. Dites-moi que vous en seriez resté là, après qu’on vous ait tué parce que vous avez voulu aider une voisine, sous l’absurde prétexte que les esprits ne sont pas censés retourner sur Terre.

4 octobre 2014

 

 

 

Publicité
Publicité
13 novembre 2014

Night Stalker, de Zaroff

trash610On refait un plongeon du côté de Trash éditions aujourd'hui. Après le super Garbage Rampage, place maintenant au grand Night Stalker !


   Résumé rapide : Dans la Californie de 1984, un shérif et son adjoint sont sur les traces d’un tueur en série qui semble choisir ses victimes au gré du hasard le plus total. Des enfants aux paraplégiques, personne n’est épargné par celui que la presse a baptisé le Night Stalker…

   Alors ? Basé sur les faits d’un tueur réel – Richard Ramirez – ce livre aussi court qu’immersif nous plonge dans un univers totalement sombre, désœuvré et dérangeant. Le gore pur et visuel est finalement un simple détail tant l’ambiance prend aux tripes ; le tueur n’épargne personne, l’auteur n’hésite pas à s’en prendre à des nouveau-nés et mêmes les enquêteurs dévoilent certaines pratiques douteuses. Au final, c’est toute la société qui est décrite comme crade, crue, désenchantée et brutale. En bref, on se demande à chaque chapitre comment la prochaine scène pourra être plus choquante que la précédente, et on n’est jamais déçu. Aucun doute que ces meurtres deviendraient vite cultes si on les incluait dans un film. 

   Les personnages sont plus vrais que nature ; en quelques lignes, on a déjà l’impression de bien les connaitre. Le meilleur exemple est à mes yeux la dernière victime du tueur. La courte scène qui brosse sa mentalité, mêlant son goût pour l’horreur à ses souvenirs d’enfance, est une perle littéraire. De plus, elle permet de renouveler le thème de la confrontation entre un tueur et sa victime d’une façon assez originale. C’est d’ailleurs dommage que ce face à face ne dure pas plus longtemps. Dans la même idée, le final change des conclusions habituelles et typiques des thrillers, permettant un bain de sang jouissif au passage.

   On pourrait reprocher, surtout le début, que le sexe prenne une grande place dans l'histoire (en dehors des scènes de meurtres, je veux dire) d'une façon qui peut parraître gratuite au premier abord. Mais c’est finalement inhérent à l’identité de l’histoire et va sans mal avec l’idée d’un slasher digne des années 80. Trash éditions fait la part belle à ce genre d’ambiance et d’époque, et on ne peut pas leur reprocher de raviver ces courants malheureusement éteints de nos jours.

   En bonus, on peut noter des références assez sympathiques, brefs passages qui détendent l’atmosphère, comme une certaine Clarice Starling qui gère les opérations de loin ou un Nécrorian qui connait une petite altercation avec les forces de l’ordre.

   En bref, Night Stalker prend tous les bons aspects du thriller/slasher sans piéger son intrigue dans les revirements habituels de ces genres. Un tueur impitoyable, des meurtres qui vont au bout des choses, et des personnages déchainés donnent toute sa force à l’ambiance poisseuse mais fascinante de ce roman. La qualité des éditions Trash se confirme pour moi avec ce deuxième tome tout aussi bonnement horrible que le premier que j’avais déjà commenté en cours d’année.

Sentence : 17/20

 

31 octobre 2014

L’étranger des Carpathes, de Karl Von Wachsmann

etranger-des-carpatheisRésumé rapide : Dans une forêt, un convoi de nobles seigneurs est pourchassé par des loups affamés. Dans leur course, ils parviennent aux abords du château maudit de Klatka, où ils sont secourus par un homme aux allures étranges. Peu de temps après, la jeune Franziska commence à souffrir d'un mal mystérieux, qu'aucun médecin ne parvient à guérir...

Alors ? Cette petite histoire de 70 pages a le mérite de mener son intrigue à terme tout en installant une ambiance gothique qui n’est pas sans rappeler les grands Carmilla et Dracula, tous deux écrits quelques décennies plus tard.  L’étranger des Carpathes aurait d’ailleurs été une source d’inspiration non négligeable pour Bram Stoker. Cet argument que je soupçonne être purement commercial reste malgré tout un gage de qualité pour cette nouvelle, car on y retrouve effectivement des similitudes avec le maître vampire et, surtout, le style d’écriture propre à cette époque malheureusement révolue.

Malgré son ancienneté – le texte original date de 1844 – L’étranger des Carpathes relève d’une certaine originalité par rapport à son vampire, arrogant et malpoli à souhait qui ne se pare d’une personnalité aimable qu’en présence de la proie qu’il projette de vider dans la nuit. De ce point de vue, Ezzelin est l’antithèse du courtois Dracula et de la séductrice Carmilla qui ont influencé des générations de récits vampiriques jusqu'à nos jours.

De plus, le Van Helsing du coin, dénommé Woslaw, apporte une certaine modernité à l’histoire en y insufflant un aspect presque Science-fiction. Ayant perdu une main à la guerre, on lui a greffé une d’acier, qui peut se rétracter comme une vraie. Idée assez étrange, de prime abord, pour une affaire de vampire du genre gothique, mais qui s’intègre étonnamment bien dans l’intrigue, au point d’en devenir un élément d’une importance capitale.

On pourrait tout de même reprocher à certains personnages d’être, par moments, assez agaçants de par leur mentalité stéréotypée ou encore des réactions un peu faciles sur la fin, mais rien qui ne gâche vraiment la lecture. Il faut d’ailleurs admettre qu’un personnage agaçant est toujours mieux qu’un personnage insipide, au moins il ne laisse pas indifférent. Dans la même idée, l’époque de ce texte fait qu’on y retrouve certains clichés. Mais là encore, on ne peut pas trop en vouloir à l’auteur puisqu’il ne s’agissait pas encore de clichés à ce moment, et on sent d’ailleurs qu’ils ont une certaine importance dans l’intrigue et ne sont pas juste des raccourcis pour faciliter l’avancée de l’histoire.

En bref, malgré quelques menus défauts, L’étranger des Carpathes a été pour moi une très bonne surprise. Etonnamment innovant pour son époque (il est d’ailleurs plus novateur et sort bien plus du lot que 95% de ce qu’on peut trouver au rayon nouveauté des librairies question vampires), plutôt moderne, intriguant et bien mené, il ravira les fans de vrais vampires.

Sentence : 17/20. Profitez de l'ambiance d'Halloween qui flotte encore dans l'air pour vous y plonger au plus vite, vous ne le regretterez pas !

8 septembre 2014

La forme dans le noir, sur Amazon

This House is Haunted - Alice Cooper

FORMfinalpourdevrai

 

 

 

 

 

 

 

On enchaîne tout de suite avec mon premier ebook sur Amazon (je vous épargne pour l'instant ceux que j'ai créé sur Thebookedition). En bonus, une petite musique d'Alice Cooper, qui colle parfaitement avec l'ambiance de mon histoire.


La forme dans le noir (nouvelle d'épouvante) : James s'est isolé du reste du monde ces dernières semaines. Il agit étrangement, raconte des bribes d'histoires incohérentes aux inconnus qu'il croise et semble fuir son entourage. La police en a assez de ses cannulars téléphoniques faussement désespérés et son voisin n'en peut plus du bruit assourdissant qu'il fait la nuit.Un soir, James appelle son ami Charles et l'implore de venir chez lui. "Je dois en finir", explique-t-il, appeuré, au téléphone. Arrivé sur place, Charles découvre un James craintif mais résigné qui lui propose de lui raconter ses dernières semaines. L'endroit est lugubre, Charles y sent quelque chose de malsain et d'indéfinissable. Mais il doit savoir ce qu'il se passe pour arranger les choses. Il ignore que le simple fait de rester dans ce salon et d'écouter son ami pourrait bien lui être fatal...

Sur AMAZON

Quelques extraits :

« C’est ce soir-là que je l’ai aperçue pour la première fois. Du coin de l’œil, au travers de la vitre couverte de buée. Ce n’était qu’une silhouette brouillée mais j’ai su que c’était elle. Je savais que nos regards se croisaient à travers le verre. Ne me demande pas comment ; je le savais, c’est tout. »

« Elle s’était attachée à moi et ne voulait plus me laisser partir. Je ne pouvais pas la voir, mais je l’entendais. Une respiration étrange, rauque et éteinte. Je n’ai pas fait attention au début, avec le bruit ambiant de la ville. Mais un soir, dans mon lit, j’ai fini par reconnaître un souffle autre que le mien. J’ai arrêté de respirer, le son a continué. C’était incompréhensible ; ça semblait venir de chaque coin de la pièce. J’ai fini par supposer que la chose devait être sous mon lit… »

« Le lendemain, quand je suis rentré, j’ai trouvé un mot sur ma porte. Le voisin d’à côté s’y plaignait du bruit de la nuit passée. Quand je lui ai dit que je n’avais pas été chez moi jusqu’à l’aube, il m’a expliqué qu’il ne comprenait pas. Car, a-t-il dit, quelqu’un avait hurlé régulièrement, comme des cris de rage. Par moments, ça ressemblait à des jappements d’animaux, puis à des chuchotis rauques, comme si quelqu’un parlait dans les murs mêmes de son appartement. Et puis, il y avait eu des collisions, des coups dans le parquet, des meubles renversés, et toujours plus de cris enragés. »

8 septembre 2014

Poème chez Abstinthe

corbeauPour bien commencer la rentrée, voici enfin la catégorie du blog qui concerne mes propres créations littéraires (mais non, restez, ça va être bien). Et quoi de mieux pour se lancer qu'un récapitulatif des derniers mois ?


Je commence donc cette petite session par un poème qui a été publié dans le webzine Absinthe en juin, dans la superbe revue Corbeau qui avait pour thème "Appel au meurtre". Mon poème si originalement nommé "Meurtrier" y est entouré d'une dizaine de nouvelles et poèmes aussi bons les uns que les autres. N'hésitez donc pas à les lire si vous aimez la littérature noire.

Le site officiel d'Absinthe.

Le numéro 3 : Appel au meurtre.

Aux côtés des revues Absinthe, spécialiste des genres de l'Imaginaire, et Corbeau, vous trouverez aussi une revue Sentimentale dénommée Enchantement

12 juillet 2014

Le Tour d'Ecrou, de Henry James

 

tour-d-ecrouUne critique hybride aujourd’hui car j’y parlerais du roman que j’ai lu mais aussi du film qu’il a engendré. Les deux étant des classiques dans leur genre que je trouve malheureusement trop peu connus de nos jours.


De quoi ça s’agit ? Miss Giddens, une jeune institutrice, est chargée d'éduquer Flora et Miles, deux enfants, dans un vieux manoir entretenu de loin par leur oncle. Elle découvre bientôt qu’ils ne sont pas vraiment seuls dans cette grande demeure. D’anciens servants des lieux semblent ne pas avoir quitté les lieux, quand bien même ils sont morts…

Alors ? L’ambiance gothique est superbement installée et distillée, rythmée par des apparitions angoissantes et intriguantes. Je n’étais pas vraiment fan des nouvelles que je connais de Henry James, je les trouvais trop longues, trop lentes, pour un final souvent décevant. Dans ce court roman, on retrouve une histoire qui prend son temps, mais ici les enjeux sont bien mieux établis et le final ne semble pas forcé, il vient tout naturellement et ajoute au suspens ambiant.

Il est tout de même dommage que l’auteur n’ait pas su se défaire entièrement de sa manie de perdre du temps. On la retrouve ici dans les premières pages du livre. Un homme, lors d’un dîner, explique qu’une étrange histoire lui a été racontée et s’amuse à attendre des jours entiers avant de bien vouloir débuter la narration. Cette introduction n’a pas réellement d’intérêt, d’autant plus qu’on n’y reviendra pas par la suite. Je pensais qu’une surprise nous attendait à la fin, par rapport à l’homme qui lit à ses amis le journal qui retranscrit l’histoire. Mais rien ne vient, le roman s’achève avec les personnages dans l’oppressante demeure.

A vrai dire, j’ai vu le film Les innocents de 1961,  tiré du Tour d’écrou, bien avant de lire le livre. (Les innocents ont d’ailleurs fortement influencé Les autres, avec Nicole Kidman qui reprend le thème de la maison hantée et de deux enfants en danger). Et les deux sont fidèlement semblables, à quelques petites nuances près. Une très bonne adaptation donc, mais qui se passe de cette introduction sans rien changer au reste de l’histoire. Ce qui prouve la futilité d’une telle accroche. C’est bien dommage car l’agacement engendré par ces premières pages pourraient stopper certains lecteurs alors que la suite vaut fortement le détour. innocents

Ayant vu le film, je n’ai pu m’empêcher de comparer durant ma lecture. C’est sans doute la première fois que je trouve une adaptation aussi fidèle et réussie d’ailleurs. Je n’ai noté qu’un seul petit défaut pour chacun. Le film est forcé de nous montrer les apparitions, là où le livre permet à chacun d’imaginer ses propres visages d’horreur. Le premier perd donc en épouvante là où le second libère une macabre imagination. Quant au livre, le seul « défaut » qu’on pourrait lui trouver est d’établir clairement que l’héroïne est folle : ses pensées ne sont pas toujours logiques, elle comprend des choses improbables à partir de comportements anodins. Ce qui peut d’ailleurs aussi agacé le lecteur, dans la mesure où on suit le journal intime de cette femme et qu’on ne comprend pas forcément pourquoi elle en vient à penser ci ou ça. De ce côté-là, le film est supérieur dans la mesure où on se demande en permanence si l’héroïne est folle ou si tout est réel, et c’est ce doute qui fait la force de cette œuvre.

En bref, un roman gothique classique à ne pas manquer pour ses personnages ambigus, son histoire à trouver entre les lignes et la fascination morbide que ce voyage dans la folie propose. Et dans la foulée, n’oubliez pas de regarder le film qui vaut tout autant le détour.

Sentence : 14/20

 

En bonus, une petite musique bien représentative de l'ambiance du livre comme du film, durant une scène de ce dernier où une apparition guette.

Publicité
Publicité
1 2 3 > >>
Publicité