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Damn Murphy !
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1 novembre 2013

De Sang et d’Encre, Recueil de 17 nouvelles vampiriques

desangdencre

Je n’étais pas tenté, au départ, par cet ouvrage. Et force est de constater que, parfois, on devrait juger un livre par sa couverture…

Des 17 histoires présentées par Léa Silhol, il me semble que seules 3 ou 4 ont éveillé un minimum mon intérêt. Le talent des auteurs respectifs n'est pas à remettre en cause, bien entendu. Dans la forme, chaque histoire était très bien menée. C’est sur le fond que, pour la plupart, tout s’écroule. Chose typiquement subjective, me direz-vous ; et ça tombe bien, puisque ce sont des critiques subjectives que je me propose de faire sur ce pitoyable magnifique blog. Et parce que critiquer est ma passion, parlons des 13 ou 14 nouvelles qui ne m’ont pas plus parlé que ça…

En noble compagnie (Chelsea Quinn Yarbro) est typiquement le genre d’histoire que j’exècre (tremblez terriens !). On y suit, lors d’un vol d’avion, la rencontre d’une femme et d’un « séduisant jeune homme » qu’on se doute pas du tout que c’est un vampire, vraiment, vraiment pas. En somme, ça parle, ça philosophie, ça filtre et ça se donne rendez-vous. Euh… et en fait, ça servait à quoi finalement que l’homme soit un vampire ?

Le jeu (Nancy Kilpatrick), sans être une ignominie, est bien loin de mes standards vampiriques. Ici, on y suit un vampire et un homme ; le premier jouant à repousser puis attirer le second. Ô joie, encore de la romance… Si les romances basiques me laissent de marbre, et les romances vampiriques me blasent littéralement, les romances homosexuelles vampiriques ont le don de me désintéresser totalement de l’histoire. Après un passage qui se veut poétique donc, on tombe pratiquement dans du porno (remarquez, ceux qui aiment ce genre d’histoire adoreront sans doute). Je respecte la chose d’ailleurs, mais vient ensuite l’idée la plus absurde du recueil, l’idée qu’on se demande par quelle drogue elle est arrivée dans la tête de l’auteur, que je vous laisse découvrir si vous osez. D’autres aimeraient peut-être ; je ne suis simplement pas le public cible du sujet (on peut pas plaire à tout le monde, c’est le jeu, ma pauvre Lucette !).

On ne peut pas vraiment dire que Femme-de-siècle (Lawrence Schimel) ait réinventé le mythe du vampire. On y retrouve (encore) de la romance vampirique. « L’originalité » par rapport aux autres nouvelles est qu’il est ici question de lesbianisme. L’héroïne croit fortement que sa copine, Mina (là c’est sûr, on se demande bien où est le vampire de l’histoire) la trompe car il lui arrive de disparaître à certaines périodes du mois. Bon, le ton est plutôt mis sur l’humour, il me semble, mais la chose n’a pas pris avec moi.

La blessure du corbeau (Freda Warrington) est très spécial. On frôle la romance homosexuelle, une fois encore. Seulement, on va plus loin dans les idées en en montrant bien moins que dans Le jeu. L’idée d’origine peut se défendre : les vampires s’ennuient, alors l’un d’eux s’amuse à se mêler aux humains pour faire monter l’adrénaline. Un autre vampire lui dit qu’il ne devrait pas, qu’il s’y perdrait ; et une femme vampire à côté incite au contraire le héros vampire à continuer. Notre vampire tombe donc sur un homme qui veut épouser une servante, mais son père refuse ce mariage. On en vient à une idée sympathique : le vampire se propose de tuer le père. Sans en dire plus sur la suite, je trouve que la tournure des choses est prévisible pour une partie et pas du tout de mon goût pour l’autre. En somme, la loi de Murphy est passée par là et tout est parti en vrille.

Voilà pour les quatre nouvelles que je me serais passé de lire (vous remarquerez sans mal que toutes sont des romances). Passons maintenant aux histoires qui, sans être atroces, n’ont simplement pas transporter mon esprit par-delà monts et merveilles.

Sans être horrible, Faustina (Jeanne Faivre d’Arcier) n’a honnêtement pas remué ma mémoire. Il me semble que l’idée était sympathique, mais tout ce dont je me souvienne, c’est d’une cantatrice, l’héroïne, et d’un pacte ou quelque chose de similaire. Nous sommes morts ensemble (Charles de Lint). On y parle de vivre en captivité ou mourir dans la liberté, si je me souviens bien. Bien que l’histoire n’était pas imparfaite, là encore, je n’en ai retenu que peu de choses.

L’horreur vous va si bien (Denis Labbé) commençait bien. D’un ton léger, le narrateur expliquait comment lycanthropes, vampires et autres s’étaient tour à tour révélés aux yeux du monde. Puis vient la femme fatale, que je sais plus trop si c’était un vampire ou autre chose. On s’attend à une grande chute, mais il n’y en a pas réellement, et puis les souvenirs s’effacent assez vite ici aussi.

15 cartes peintes d’un tarot de vampire (Neil Gaiman) se résume en 15 petites scénettes de quelques lignes chacune. Certaines sont sympathiques, d’autres s’effacent de la mémoire une fois la page tournée. Celle du cadavre enceint est, je trouve, la meilleure de toutes ; l’idée surpasse d’ailleurs la plupart des autres nouvelles du recueil.

On passe aux histoires qui ont laissé un minimum de traces dans ma mémoire :

Le dernier testament (Brian Hodge) : l’intérêt entier de cette histoire-ci réside dans sa chute. J’admets la chose plutôt bien trouvée. Mais les quelques pages à blablater religion, Jésus et compagnie qui la précèdent ne peuvent, pour moi, pas être sauvées par une bonne chute. Là encore, c’est surtout une affaire de goûts totalement subjective qui n’enlève en rien les talents d’écrivain de Brian Hodge.

La meilleure (et peut-être seule d’après moi) qualité de la nouvelle Le plus vilain des petits canards (SP Somtow) est la construction des personnages. Bien qu’un peu stéréotypés, ils semblent réels et sont touchants. Malheureusement, l’histoire ne suit pas, à mon sens, puisqu’il ne s’agit que de discussions dans un bar entre une vampire et un jeune homme à qui la vie semble avoir tout fait sauf sourire. De là, il implore de devenir vampire à son tour et il me semble que son souhait est exaucé (si je me souviens bien). Ni plus, ni moins ; cette histoire ressemble plus à une tranche de vie qu’à une nouvelle. C’est assez dommage car le talent de l’auteur aurait sans doute pu trouver une « vraie » histoire à faire vivre à ce duo étrange. Soit, il y a bien une sorte d’histoire, l’histoire d’une transformation, mais j’ai trouvé la chose décevante. Après, bien sûr, c’est chacun ses goûts.

Sang gothique (Nancy Holder) est assez particulière. Narrée d’un point de vue interne, on y découvre une sorte de poésie sombre plus qu’une histoire classique. En somme, il s’agit d’une jeune institutrice (ou du moins, une femme ayant un travail en rapport avec des enfants) qui rêve que son cher vampire l’emmène loin de sa morne existence. Fuir, mourir, devenir éternelle ; je ne me souviens plus trop du mobile de cette envie. Toujours est-il que c’est sans doute la première fois que je tolère une histoire du genre « vampire romantique ». Sans doute est-ce la poésie noire et la fin tout aussi sombre de l’histoire qui m’ont convaincus.

Hollywood (Alain Pelosato) est, je crois, la seule histoire comique du lot. Bien sûr, elle ne transcende pas le genre littéraire mais elle reste très sympathique à lire. Courte et inspirée, on y suit les sept derniers jours de Bela Lugosi. La chose n’est pas sans rappeler l’assez bon film Ed Wood de Tim Burton ; à l’exception qu’ici, Vlad l'Empaleur est aussi de la partie.

Les filles d’ascenseur (Robert Weinberg) nous plonge dans le quotidien d’un jeune écrivain. La quasi-totalité de la nouvelle se déroule durant une conférence, prétexte parfait pour disserter sur le statut des écrivains et leur tactique pour rester dans les mémoires. Les vampires sont ici suggérés, on ne fait que supposer leur présence (sauf à la fin, bien entendu). L’histoire est sympathique, sans plus.

Du beau linge (Serena Gentilhomme) est aussi court que morbide. L’idée, sans être bien originale ou surprenante, est tout de même sympathique pour peu qu’on aime l’horreur (c’est mon cas). On peut voir dans cette histoire une nouvelle version de la Belle au bois dormant. La belle étant ici à la morgue, et le prince, un paumé en quête de prostituées décomposées.

Victimes (Kristine Kathryn Rusch) a l’intérêt d’être très original, d’après moi. Les vampires sont ici connus du monde entier. Jusque là, rien de plus banal. Seulement voilà, notre héros, qui travaille dans la politique, se retrouve face avec une vampire qui déclare avoir été violée une cinquantaine d’années plus tôt par un politicien. Si les jeux de pouvoirs ne m’ont pas tellement intéressés, et si les manipulations n’étaient pas les plus choquantes au monde, l’idée de départ était vraiment bonne, les sujets sont soulevés avec justesse et les personnages bien traités. Là encore, cette histoire ne restera peut-être pas éternellement dans ma mémoire, mais elle ressort tout de même du lot.

Le vide (Brian Stableford) nous plonge dans le quotidien d’une femme esseulée dans un monde où les vampires sont des sortes de mutants, et dont la présence semble être une drogue pour les humains. L’héroïne trouve un bébé vampire dans une poubelle. Elle songe à le garder avec lui, ne serait-ce que quelques jours, avant de la rapporter aux autorités. Bien entendu, le vide qu’elle sent en elle se rempli un peu plus chaque jour (le vampire s’en nourrit, vous l’aurez compris) et elle ne manque pas une occasion de rallonger le séjour du bébé chez elle. L’idée est plutôt originale et sympathique, l’histoire fluide, le personnage attachant. Le tout ne laissera peut-être pas un souvenir indélébile au lecteur, mais il saura l’aspirer dans ses lignes le temps d’une lecture sans heurts.

La chose qui venait de la lande désolée (Brian Lumley) est, pour moi, la meilleure histoire du recueil. On y retrouve un héros aux passions étranges : il collectionne les objets morbides et son jardin a pour but de réunir toutes les plantes les plus horribles ou dangereuses possibles. Autant dire qu’il trouve son compte avec LA plante sortie de nulle part (trouvée à l’endroit où une météorite a heurté la Terre, si je me souviens bien). Le voisin du héros la déteste et il semblerait que, pour peu qu’un chat errant s’en approche trop de nuit, on en retrouve le cadavre vidé de toute substance le lendemain matin. Le tout est décrit du point de vue du héros, dans un style qui n’est pas sans rappeler le maître Lovecraft. L’idée de départ peut sembler absurde, mais il faut avouer qu’elle est très bien tournée, le suspens va grandissant, l’histoire se dévore sans problème et la fin n’est pas en reste.

Voilà pour le tour du proprio. Vous remarquerez donc que, sans être un enchaînement d’ignominies, ce recueil ne m’a pas réellement convaincu. Seule une histoire brillera réellement dans mes souvenirs ; les autres ont déjà commencé à être évacuer de ma mémoire.

De façon générale, il faut aussi dire que cet ouvrage est clairement à tendance « vampire romantique ». Sachant que la créature est, à l’origine, dans le versant de l’horreur, et que c’est finalement depuis Anne Rice qu’on plonge lentement vers les « vampires qui ont un cœur », ce recueil est loin d’être représentatif du mythe et de son évolution. En somme, seulement trois histoires vraiment horrifiques pour au moins sept romances plus ou moins prononcées. Les dix autres sont plutôt neutres de ce côté-là : comédie, philosophie, et cetera.

Note : 10/20. L’entre-deux des condamnés et des épargnés, me direz-vous. Et bien non ! Car si la note tombe au juste milieu, mon avis, lui, est aussi tranché que les doigts d’un guitariste lépreux : condamné !

Vous trouverez un avis sans doute bien plus indulgent que le mien ici, par Poppy.

 

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