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Damn Murphy !
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29 octobre 2013

Stoker

Stoker_2013_poster_1_1Avant tout, de quoi ça s'agit ? Simplement d'une mère et de sa fille, India, en deuil du défunt père/mari. Et de l'apparition du frère du mort durant l'enterrement. India fait donc la connaissance de cet oncle qu'elle n'a jamais vu. Et il y a une bonne raison derrière ça : tout simplement parce que l'oncle Charlie, bah il est pas gentil...

Stoker de Park Chan-wook est, comme je le pressentais, un film très particulier. De ceux où, personnellement, je me demande longuement s’ils étaient géants ou pas du tout après les avoir vu.

Je m’explique : le film est lent, trèèèès lent. J’avoue que si je n’étais pas en train de ranger mon salon en parallèle, j’ignore si j’aurais tenu. Mais il faut admettre malgré tout que c’est une lenteur qui apporte beaucoup au film. Pour un peu qu’on aime les décors soignés, à ambiance sombre, et qu’une famille comme celle de ce film nous intrigue suffisamment, on saura passer outre l’absence de rythme et même aimer cette prise de temps pour découvrir le plus possible de chaque image et de chaque geste. Il faut aussi préciser que, même si lent, il n’y a pas ou peu, je trouve, de scènes inutiles. Les secondes sont paresseuses, oui, mais chacune à son intérêt qu’on découvre au fil de l’histoire. La dernière utilité de cette lenteur est qu’elle rend les derniers instants (la dernière demi-heure je dirais) du film inoubliables. Le rythme se débloque soudain et toute la tension accumulée se libère. Pour le coup, je ne rangeai plus mes affaires, j’étais aspiré par les images.

Bon, voilà pour la forme. Parlons un peu du fond, accessoirement.

L’histoire de base est plutôt banale, il faut l’admettre : quand ce n’est pas un oncle, c’est un voisin (Fright Night, Paranoiak), le plus souvent une belle-mère (The Uninvited) ou un beau-père (dans le si originalement titré Le Beau-père, le vrai comme le remake) et j’en passe. Bref, vous l’aurez compris, dans ce genre de film, il fait bon vivre de s’isoler de tout membre de la famille. Malgré tout, dans Stoker, la chose semble nouvelle. Le sujet est bien plus subtil et insidieux (les amateurs de gore se sentiront sans doute trahis d’ailleurs). Et surtout, l’héroïne a une façon bien particulière de faire face à la chose. J’évite d’en dire plus, je préciserais seulement que ce film mérite bien son titre de thriller psychologique, parce que c’est bien là, dans la psychologie que tout se passe (pour le coup, ce sont les fans de survival et/ou d’action qui se sentiront délaissés).

Pour ce qui est du jeu d’acteur, je ne m’appesantirais pas sur la question bien longtemps puisque c’est sans surprise que le trio principal est parfait. Nicole Kidman fait des apparitions aussi justes que courtes à mon goût. Matthew Goode, que je ne connaissais pas, est parfait dans le rôle du mystérieux et pas vraiment net oncle Charlie. Et Mia Wasikowska porte presque le film à elle toute seule finalement. Je ne la connaissais que d’Alice au pays des merveilles de Tim Burton et il faut avouer que, sans avoir été décevante dans ce dernier, elle y était plutôt fade (mais c’était sans doute le souhait du réalisateur et, dans tous les cas, une toute autre affaire). Ici, elle incarne le slogan du film à merveille « Innocence ends » ou quand le papillon devient lion. Jamais évolution n’a été aussi fracassante.

Certains ont trouvé ce film choquant ou malsain. La chose peut se discuter je pense. Car oui, les idées sont plutôt malsaines et le réalisme du film n’aide pas à rassurer les âmes sensibles. Mais, le tout est assez subtil à mon goût pour ne pas empêcher d’atteindre la fin du film. On est loin des Requiem for a dream et autres films qui donnent envie de se pendre dès le générique d’entrée quoi. Je dirais que Stoker est plus du côté de la série Dexter, mais en moins propre quand même (je n’aime pas trop Dexter pour son univers trop gentillet justement ; mais il faut bien quelque chose pour comparer). Pour rester dans les comparaisons séries, si Esprits criminels ne vous dérange pas, Stoker ne risque pas de le faire. Si Dexter vous dérange, Stoker le fera d’autant plus. Et si Esprits criminels vous dérange mais pas Dexter, et bien, vous ne pouvez que tenter Stoker pour savoir où est votre limite !

Pour finir, j’aimerais revenir sur le titre (parce que j’adore saouler le monde avec des détails insignifiants). Stoker est le nom de famille de nos étranges héros soit, mais il n’est pas sans rappeler un certain Bram, écrivain de l’incontournable Dracula. Je ne cessais, personnellement, de me demander pourquoi ce choix de nom de famille (en dehors du côté marketing évidemment, vu l’essor dernier des vampires), qui ne devait rien avoir d’anodin j’en étais sûr. Je précise toute de suite que non, Stoker n’est pas un film de vampires. En revanche, il en a des airs plus d’une fois. Si on définit le vampire par un être abjecte qui hypnose ses proies, les transforme, les fait devenir comme lui, bref qui transmet le Mal avec un grand M, le tout dans une ambiance morbide et sombre … et bien Stoker répond à tous les critères, l’hypnose en moins. Ce qui le rend sans doute d’autant plus terrifiant : le meuchant est tout à fait humain alors que le réalisateur s’amuse avec des références vampiriques subtiles.

Au passage, parce que je ne manque jamais une occasion d’y revenir, avec ses personnages totalement humains et son histoire dépourvue de la moindre once de surnaturelle, Stoker reste pour moi plus un film de vampires que ne pourra jamais espérer l’être les Twilight (à prononcer Toilettes) avec leur romance de Luminoux qui brillent dans le noir.

Malgré sa lenteur donc, Stoker mérite d’être vu, au moins une fois. Il est l’inverse des films tels que The conjuring où on ne s’ennuie pas mais qu’on oublie dès la fin du générique. Avec Stoker, on peut se dire par moments « ce film ne décollera donc jamais ? » mais une fois le visionnage achevé, certaines images resteront gravées en mémoire pour leur poésie ou juste leur classe. (Bon, j’ai quand même trouvé la toute dernière scène un peu tirée par les cheveux, mais rien n’est parfait).

En bref…

Vous aimerez sans doute Stoker… - si la lenteur ne vous rebute pas (ou alors si vous avez prévu de faire du ménage chez vous pour la première partie du film) - si vous aimez les films soignés, aux jolies images, avec des graphiques sombres - si vous savez à quoi vous attendre avant de le voir (j’avais personnellement pressenti que ça serait long, avec peu d’action, et plus centré sur la psychologie ; sans ça, j’aurais sans aucun doute été plus que déçu) - si vous aimez les personnages tordus mais en toute subtilité - si vous pouvez survivre à un film où les meurtres sont peu nombreux et pas toujours mis en avant - enfin, si vous aimez suivre les méandres d’un détraqué ou deux

Vous n’aimerez peut-être pas… - si vous vous attendez à un Slasher ou un Survival dans les règles de l’art - si vous espérez un rythme effréné et/ou de l’action - si vous êtes habitués aux films tels que Maniac de 1980 (ou Saw, pour donner un exemple un peu plus connu, même si beaucoup moins dérangeant à mon goût) et espérez que Stoker saura vous choquer après ça (Stoker est d’ailleurs plutôt dans le genre du remake très soft de Maniac de 2013, mais en bien mieux quand même)

Note : 15/20. Murphy a tenté de plomber le film, mais le succès de son projet n'a pas été au rendez-vous.

 

 

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