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Damn Murphy !
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12 juillet 2014

Le Tour d'Ecrou, de Henry James

 

tour-d-ecrouUne critique hybride aujourd’hui car j’y parlerais du roman que j’ai lu mais aussi du film qu’il a engendré. Les deux étant des classiques dans leur genre que je trouve malheureusement trop peu connus de nos jours.


De quoi ça s’agit ? Miss Giddens, une jeune institutrice, est chargée d'éduquer Flora et Miles, deux enfants, dans un vieux manoir entretenu de loin par leur oncle. Elle découvre bientôt qu’ils ne sont pas vraiment seuls dans cette grande demeure. D’anciens servants des lieux semblent ne pas avoir quitté les lieux, quand bien même ils sont morts…

Alors ? L’ambiance gothique est superbement installée et distillée, rythmée par des apparitions angoissantes et intriguantes. Je n’étais pas vraiment fan des nouvelles que je connais de Henry James, je les trouvais trop longues, trop lentes, pour un final souvent décevant. Dans ce court roman, on retrouve une histoire qui prend son temps, mais ici les enjeux sont bien mieux établis et le final ne semble pas forcé, il vient tout naturellement et ajoute au suspens ambiant.

Il est tout de même dommage que l’auteur n’ait pas su se défaire entièrement de sa manie de perdre du temps. On la retrouve ici dans les premières pages du livre. Un homme, lors d’un dîner, explique qu’une étrange histoire lui a été racontée et s’amuse à attendre des jours entiers avant de bien vouloir débuter la narration. Cette introduction n’a pas réellement d’intérêt, d’autant plus qu’on n’y reviendra pas par la suite. Je pensais qu’une surprise nous attendait à la fin, par rapport à l’homme qui lit à ses amis le journal qui retranscrit l’histoire. Mais rien ne vient, le roman s’achève avec les personnages dans l’oppressante demeure.

A vrai dire, j’ai vu le film Les innocents de 1961,  tiré du Tour d’écrou, bien avant de lire le livre. (Les innocents ont d’ailleurs fortement influencé Les autres, avec Nicole Kidman qui reprend le thème de la maison hantée et de deux enfants en danger). Et les deux sont fidèlement semblables, à quelques petites nuances près. Une très bonne adaptation donc, mais qui se passe de cette introduction sans rien changer au reste de l’histoire. Ce qui prouve la futilité d’une telle accroche. C’est bien dommage car l’agacement engendré par ces premières pages pourraient stopper certains lecteurs alors que la suite vaut fortement le détour. innocents

Ayant vu le film, je n’ai pu m’empêcher de comparer durant ma lecture. C’est sans doute la première fois que je trouve une adaptation aussi fidèle et réussie d’ailleurs. Je n’ai noté qu’un seul petit défaut pour chacun. Le film est forcé de nous montrer les apparitions, là où le livre permet à chacun d’imaginer ses propres visages d’horreur. Le premier perd donc en épouvante là où le second libère une macabre imagination. Quant au livre, le seul « défaut » qu’on pourrait lui trouver est d’établir clairement que l’héroïne est folle : ses pensées ne sont pas toujours logiques, elle comprend des choses improbables à partir de comportements anodins. Ce qui peut d’ailleurs aussi agacé le lecteur, dans la mesure où on suit le journal intime de cette femme et qu’on ne comprend pas forcément pourquoi elle en vient à penser ci ou ça. De ce côté-là, le film est supérieur dans la mesure où on se demande en permanence si l’héroïne est folle ou si tout est réel, et c’est ce doute qui fait la force de cette œuvre.

En bref, un roman gothique classique à ne pas manquer pour ses personnages ambigus, son histoire à trouver entre les lignes et la fascination morbide que ce voyage dans la folie propose. Et dans la foulée, n’oubliez pas de regarder le film qui vaut tout autant le détour.

Sentence : 14/20

 

En bonus, une petite musique bien représentative de l'ambiance du livre comme du film, durant une scène de ce dernier où une apparition guette.

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Commentaires
G
J'ai vraiment adoré ce livre et le film bien sûr !
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